Une bonne gueule de marin, il faut le reconnaître. Une tignasse de cheveux blonds et fins aussi désordonnée qu’une mer croisée dans le golfe de Gascogne. Des yeux bleus et rieurs éclairant un visage savamment buriné par les années, les embruns. Philippe Monnet est comme chez lui à Monaco. Dans ce yacht club où il a toujours réussi à trouver des appuis, une écoute, des financements parfois. Amarré juste devant les baies vitrées du club, l’ex « UUnet », le bateau avec lequel il a battu en 1994 le record du tour du monde en solitaire d’est en ouest, sans escale ni assistance, semble à son aise. Débarrassé de tous attributs publicitaires, le 60 pieds open se joue la joue anonyme, sous son nom de baptême de Gonnagitcha II. Seuls quelques avertis repèrent sur le quai le voilier qui a permis d’écrire une page de l’histoire de la navigation.
Face aux journalistes, Philippe Monnet a pu dérouler hier ses souvenirs de baroudeur. Et pas que des mers. Car l’homme est exceptionnel. Un sportif complet, jugez en plutôt : skieur acrobatique ; cavalier émérite ; excellent nageur, capable de plonger de 33 mètres de haut ; vainqueur du Paris Dakar et du rallye de l’Atlas avec Jean-Louis Shlesser. Et surtout une bonne tête de pioche. « Une barre en acier dans la tête, avec une résistance physique et mentale hors du commun », s’amusait Philippe de Kersauson en évoquant Monnet.
« ça canardait, un coup un ouragan, un coup un cyclone »
Des qualités indispensables pour réussir son record de janvier 2000. Doigt sur l’imposante mappemonde du yacht club, Philippe Monnet a retracé quelques-uns des grands moments de son record taillé au travers des océans. « Aller où les autres n’étaient pas allés depuis longtemps » : c’était sa motivation première confie-t-il. « Le problème, c’est que j’y suis allé l’année où ça canardait niveau météo. Un coup un ouragan, un coup un cyclone, sans discontinuer. Des vents à 50, 60, 80 noeuds. Dans ces cas-là, ça ne sert à rien de savoir faire du bateau. Il faut avoir de la chance. Tu es entouré par les glaces, la première terre habitée est à 3 000 kilomètres, et encore… par des phoques et des ours ! »
Philippe Monnet est un bon narrateur. Indispensable qualité appréciée des sponsors, qui l’aide dans sa reconversion actuelle. L’homme n’a pas abandonné toute idée d’exploit. Il aimerait repartir à l’assaut des vents et des courants, pour un tour du monde, mais sur un multicoque cette fois. Insensé ? Pas pour ce digne héritier de Moitessier. Aujourd’hui, il gère avec Xavier David une société, « Posseidon », basée à Monaco. Fait dans le « brokerage » de yachts anciens, mais aussi de bateaux à moteur (!), donne des conférences ici et là. Mais, dans l’oeil, le large est là, prêt à l’emporter. Antoine de Saint-Exupéry avait une belle phrase, qui résume peut-être son parcours : « Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve. »

Hé, les mômes, le rêve est à vous et gratuit, profitez-en… on se bat pour vous … Phiphi et dédé
Philippe Monnet ,un écumeur de mers et plus fort que ça ,tu meurs
Dédé, Phiphi,
continuez à donner du rêve, de l’espoir d’avenir aux mômes
et surtout, donnez leur la force de croire en eux-mêmes