Les affaires d’inceste sont des histoires de mutisme et d’omerta. Celle-ci est une suite de silences emboîtés. Nous sommes à la fin des années 1980. Dans une famille d’intellectuels parisiens, un garçon de 13 ans voit son beau-père, universitaire de renom, s’inviter le soir dans sa chambre. Il confie ce secret à sa sœur jumelle, Camille, mais lui demande de se taire. L’inceste, un crime sur lequel ces adolescents ne posent pas encore de nom, dure deux ans au moins. Vingt années plus tard, alors qu’ils ont chacun atteint la trentaine, la jeune femme pousse son frère à confier enfin cette souffrance enfouie à leur mère, Evelyne Pisier. Mais celle-ci décide de protéger son mari et reste muette, elle aussi, comme les amis du couple, des personnalités en vue soucieuses d’éviter tout scandale.
Camille, née comme ses frères d’un premier mariage avec l’un des pionniers de la médecine humanitaire, l’ancien ministre Bernard Kouchner, dévoile cette histoire édifiante, elle a voulu, même si les faits en question sont frappés de prescription, rendre compte de l’emprise exercée, selon elle, par cet homme qui les a en partie élevés, elle et ses frères. « Pourquoi aurait-il le droit de vivre hors de cette réalité quand, moi, elle me hante ? »
« Je vous confirme que ce que ma sœur a écrit à propos des agissements d’Olivier Duhamel à mon égard est exact », atteste-t-il au Monde.
Olivier Duhamel est un homme doté d’une surface sociale comme Paris sait si bien en faire émerger. A 70 ans, le constitutionnaliste règne sur la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui finance Sciences Po et préside Le Siècle, ce club prestigieux où se retrouve l’élite française.
Jusqu’au dimanche 3 janvier, Olivier Duhamel n’était pas au courant de la publication du manuscrit. Quand il a appris la sortie du récit, il a démissionné de toutes ses fonctions de la Fondation nationale des sciences politiques, du Siècle et de l’émission « Mediapolis » sur Europe1 et de la chaîne LCI.
« Je ne révèle rien. Tout le monde sait », lâche Camille Kouchner. « Une véritable omerta » de la bourgeoisie intellectuelle parisienne.
Marie-France et Evelyne Pisier étaient plus que des sœurs, des confidentes inséparables. Pour la première fois, elles ne se comprennent plus. « Dès qu’elle a su pour Olivier, Marie-France a parlé à tout le monde. Elle voulait lui faire la peau ».
Quand, aux premiers jours du printemps 2011, Marie-France Pisier est retrouvée au fond de la piscine de sa maison de vacances de Saint-Cyr-sur-Mer, le corps coincé par une lourde chaise en fer forgée, la presse déploie ses gros titres, mais ne devine rien du drame familial qui se joue en coulisses. Accident, vraiment ? Une enquête est ouverte, puis fermée sans conclusion précise. Une amie de Marie-France Pisier témoigne auprès des enquêteurs que les raisons de brouille de la défunte avec sa sœur sont à chercher du côté d’Olivier Duhamel.
Craignant que la mort de Marie-France Pisier ne mette la presse sur la piste de la brouille, donc de l’inceste, « Victor » décide un peu plus tard de confier son secret à son père. Alors que Bernard Kouchner compte aller « péter la gueule » à Duhamel, Camille insiste : « “Victor” ne veut pas en parler. Il faut avancer. » L’ancien ministre s’incline… Fin
En apprenant la mort de Marie-France Pisier en 2011, je me suis rappelé les bons moments passés en sa compagnie avec son beau-père Jean-Louis Funck-Brentano, avec qui j’ai collaboré pendant trois années au Centre Mondial Informatique, il en était le Président après le départ de Jean-Jacques Servan-Servan-Schreiber.
Très bel hommage. Ce qui est surprenant dans ce beau souvenir, c’est le mélange des personnalités : une grande actrice, un professeur de médecine oh combien émérite, un rebel de 68 ( Dany…), JJSS et Dédé, facilitateur pour que tous ces personnages se rencontrent et s’apprécient. Le trait commun à tous ? Je dirai la curiosité d’esprit mâtiné d’une bienveillance naturelle qui sied aux grands esprits.
Merci Dédé de ce bel hommage à une grande actrice.
Oui en effet très bel hommage. Cette disparition de Marie France Pisier est bien triste. C’est aussi la page d’une jeunesse qui s’enfuit au fil des ans…
Des figures que l’on admirait pour les symboles qu’ils représentaient, mais aussi par leur incontestable talent.